Une équipe européenne rapporte pour la première fois une certaine tendance à la sécheresse oculaire et à l’amincissement de la cornée dans deux myopathies inflammatoires.
Différentes atteintes oculaires ont déjà été décrites dans la dermatomyosite et la polymyosite, deux maladies auto-immunes. La littérature compte ainsi des publications de cas ou de petites séries d’opthalmoplégie, de cataracte iatrogène (corticothérapie), ou encore de rétinopathie par atteinte vasculaire et d’éruption héliotrope des paupières dans la dermatomyosite. Dans d’autres maladies systémiques auto-immunes, des atteintes de la cornée ont par ailleurs été décrites.
Une équipe hongro-norvégienne a cherché à savoir s’il en était de même dans les myopathies inflammatoires. Son étude observationnelle monocentrique (Université de Debrecen, Hongrie) a porté sur 75 patients atteints de dermatomyosite (n = 32) ou de polymyosite (n = 43). Des signes cliniques non moteurs (syndrome de Raynaud, éruption cutanée, dysphagie, pneumopathie interstitielle) étaient présents chez 50% des patients atteints de polymyosite et 44% de ceux atteints de dermatomyosite. Tous recevaient une dose d’entretien de corticoïdes minimale (4mg/j), mais pas de médicament immunosuppresseur. Ils ont été comparés à un groupe contrôle (n = 93) apparié en âge, en genre et en réfraction visuelle.
Des différences significatives
Aucun participant ne présentait de critères diagnostiques d’un syndrome de Sjögren. Tous ont bénéficié d’un bilan ophtalmologique avec mesure de l’acuité visuelle et de la tension intraoculaire, examen à la lampe à fente, analyse structurelle non-invasive de la cornée en trois dimensions (Pentacam), recherche d’une sécheresse oculaire par évaluation de la sécrétion lacrymale (test de Schirmer) et de la qualité des larmes (temps de rupture du film lacrymal). Les résultats montrent une tendance à la sécheresse oculaire ainsi qu’une réduction statistiquement significative de l’épaisseur de la cornée et de son volume chez les patients atteints de polymyosite et, dans une moindre mesure, chez ceux atteints de dermatomyosite, en comparaison du groupe contrôle. Des anomalies à rechercher puisqu’elles peuvent notamment constituer une contre-indication relative à la chirurgie réfractive. Elles sont également à prendre en compte pour planifier la chirurgie de la cataracte, en cas de don de cornée en vue d’une greffe, ainsi que pour diagnostiquer et prendre en charge le glaucome car les appareils de mesure de la tension oculaire sont calibrés pour une épaisseur « standard » de cornée.